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Comment "Les Dorloteurs d'abeilles" ont fait exploser le plafond de leur campagne de crowdfunding

Interview de Pauline Jung, chargée du projet Les Dorloteurs d'Abeilles

En l’espace d’un an, les Dorloteurs d’abeilles ont lancé successivement 2 campagnes de crowdfunding avec des résultats étonnants : 1733% de l'objectif initial atteint sur la 1ère et 538% sur la seconde !

Pauline Jung, chargée du projet, revient dans cette interview sur leur parcours et nous explique les clés de la réussite de leurs campagnes de financement participatif.


Bonjour Pauline, pouvez-vous nous expliquer le projet des Dorloteurs d'abeilles?


Les dorloteurs d’abeilles a pour objet de préserver les abeilles sauvages. Ce projet a été lancé il y a 1 an par  « Un toit pour les abeilles » créé il y a déjà 10 ans pour sensibiliser les gens à la protection des abeilles domestiques via un système de parrainage de ruche.


Les abeilles sauvages sont moins connues que les abeilles à miel (abeilles domestiques), et c’est tout l’objet de la démarche des Dorloteurs d’abeilles. L’idée est de jouer le même rôle pédagogique qu’il y a 10 ans avec les abeilles domestiques.


Comment fonctionne le concept des Dorloteurs d’abeilles ?


Pour préserver les abeilles sauvages, nous proposons à chacun d’installer sur son balcon ou dans son jardin un dorlotoir. Un dorlotoir est une maisonnette que l’on a conçue spécialement pour les abeilles sauvages. Elles y pondent leurs œufs qui se transforment en larves puis en cocons.


Les abeilles sauvages, contrairement aux abeilles à miel, ne vivent pas en colonies. On les appelle aussi les abeilles solitaires. Elles ne piquent pas et ne font pas de miel. Chaque abeille va avoir son propre nid, pondre ses œufs et avoir sa propre descendance alors que dans une ruche (qui peut contenir 40000 individus), chaque abeille a un rôle différent et seule la reine pond des œufs.


Pour préserver ces cocons nés dans les dorlotoirs, nous demandons aux dorloteurs de nous les renvoyer au début de l’automne pour qu’on les dé-parasite et qu’on les conserve dans les conditions de température et d’humidité optimale. Au début du printemps suivant, les cocons sont renvoyés chez les dorloteurs de leur région native.


Chez les Dorloteurs d’abeilles, on est persuadé qu’une abeille de Lille et de Marseille, même si elles sont de la même espèce, aura développé des spécificités liées à son environnement ; d’où l’importance de la renvoyer dans sa région native. On les appelle ces cocons des cocons locaux.


L’abeille sauvage voyage très peu. Elle s’éloigne au maximum à 250m de son nid à cause des prédateurs. Elles se transmettent donc peu de maladies et de parasites. Si on change les cocons de région, on risque d’introduire des virus, parasites, prédateurs qui n’y existaient pas. Et cela permet par ailleurs de réimplanter des abeilles dans des zones où elles n’existaient plus.


C’est vraiment le cœur du projet. Il y a d’autres initiatives du même genre mais qui importent des cocons de l’étranger. Nous nous sommes toujours refusés à le faire, ce qui a constitué un vrai challenge au lancement du projet : en proposant des dorlotoirs sans cocons, nous risquions de ne pas faire venir nicher les abeilles. 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées depuis le lancement du projet ?


On n’a pas tellement eu de difficultés, je touche du bois ! On a eu la crainte que les abeilles ne viennent pas s’installer dans les dorlotoirs la 1ère année parce qu’elles sont souvent méfiantes et mettent un peu de temps avant de faire leur nid à un nouvel endroit.


Mais il y a eu un taux d’occupation très correct et on a eu un grand retour de cocons, ce qui a permis de pérenniser le projet !



Vous avez mené 2 campagnes de crowdfunding où vous avez largement dépassé vos objectifs. Plus de 1733% et 538% des objectifs fixés ! Comment expliquez-vous ce succès ?


Il y a eu plusieurs facteurs. D’abord, je pense que le sujet est d’actualité. Il y a une vraie prise de conscience du public pour les problématiques environnementales et le projet des Dorloteurs est arrivé sur cette vitrine auprès d’une cible déjà sensibilisée. Ça a permis de donner une belle visibilité au projet.


Ensuite, il y a tout le travail que l’on a mené autour de la campagne, notamment le travail de teasing : avant la mise en ligne du projet, on a ouvert des pages de réseaux sociaux pour parler du projet à venir, on a mis en place des partenariats, on a recruté des nouveaux membres sur nos pages.


Quelques jours avant le lancement de la campagne, on a créé une attente qui a fait qu’à l’ouverture de la campagne Kiss Kiss Bank Bank, qu’on a annoncée sur nos réseaux sociaux en temps réel, on a généré beaucoup de trafic sur notre page, et on a eu les 1ères contributions.


La plateforme a un algorithme qui propose un cercle vertueux : mieux on démarre la campagne, plus elle va remonter dans les résultats recherches et plus elle va générer de trafic. Il est donc important qu’il y ait un engouement dans les 48 premières heures. Ensuite, c’est l’algorithme du site et le bouche à oreille qui font le reste.


Il faut aussi que la page Kiss Kiss Bank Bank soit claire, attractive et bien illustrée.

 


Avez-vous mis en place des actions spécifiques pour encourager le bouche à oreille sur votre campagne ?

 

On a fait pas mal de relations médias avec de bons retours car le sujet plaît. On a eu pas mal de retombées dans médias locaux et nationaux, ce qui a donné des beaux coups de pouce.


On avait aussi toute la communauté d’un toit pour les abeilles qui est déjà très engagée sur le sujet. On ne les a pas sur-sollicités lors de la campagne de crowdfunding mais on les a juste informés du projet par mail. Il ont joué un rôle d’ambassadeur en en parlant autour d’eux.


Pour les entrepreneurs qui se lanceraient sur une campagne de crowdfunding et qui n’ont pas de communauté, ils peuvent créer des partenariats avec des médias bien ciblés, entreprises ou initiatives externes en demandant un échange de visibilité.


Et puis il faut savoir que les pages de crowdfunding ont des communautés engagées et hyperactives. Kiss Kiss Bank Bank ont une communauté de 2 millions d’abonnés, ce qui est une très belle vitrine.



Une fois que la campagne a été lancée, quelles actions avez vous menées pour l’entretenir ?


On tenait informées les contributeurs de l’évolution de la préparation de leur commande tout en continuant à informer sur les réseaux sociaux.


On a vraiment voulu créer une communauté qui se sentait appartenir à un projet avec un vrai rôle dedans. Et ce n’était pas du marketing, car il s’agissait des pionniers qui ont accepté de jouer le jeu sans avoir de cocons et qui allaient vraiment permettre de lancer l’activité. On leur en était vraiment redevables et il était indispensable pour nous d’être transparents sur ce qu’on faisait.



Quelles relations entretenez-vous  aujourd’hui avec ces pionniers de la première heure ?


On fait attention à entretenir nos relations notamment en créant des contre-parties secrètes sur Kiss Kiss Bank Bank. Elles ne sont visibles que par un petit groupe de personnes auxquelles on envoie un lien, pour les remercier de s’être lancées dans le vide sans avoir de cocon au départ. Cette contre-partie est la nouvelle version du dorlotoir.


Aujourd’hui, d’où viennent les dorloteurs ?

 

On continue les relations médias, on fait un peu de sponsoring sur les réseaux sociaux et on mène des partenariats avec des startups qui sont dans la même dynamique que nous. Je pense par exemple à des entreprises ou startups qui proposent des graines mellifères pour les pollinisateurs. Ce sont des activités complémentaires à la nôtre, qui s’adressent à un public tout aussi concerné. C’est donc idéal pour mettre en place des échanges de visibilité !



Quelles sont les prochaines étapes de votre projet ?


On travaille avec les particuliers mais on veut étendre notre offre à des professionnels, des entreprises et des collectivités. Ce sera sur du long terme mais la pollinisation est une vraie question : les abeilles sauvages sont indispensables à la survie de l’homme et pollinisent 4 fois mieux qu’une abeille à miel. Ce n’est pas juste pour préserver la biodiversité qu’il faut sauver les abeilles mais aussi pour maintenir une autonomie alimentaire en France.


En s’engageant avec nous, les entreprises pourront sensibiliser et fédérer leurs salariés autour de ce projet interne et communiquer auprès de leur public pour montrer qu’elles mènent des actions environnementales.



Est-ce que certaines entreprises ne risquent pas de s’en servir pour faire du greenwashing ?


On veut permettre à chaque entreprise, quelque soit son activité, d’avoir un impact environnemental. Pour moi, le greenwashing consiste à ce que des entreprises mentent sur leur engagement en donnant de fausses informations alors que si elles adhèrent aux dorloteurs, elles mèneront des actions concrètes qui seront chiffrées à la fin de la saison. Ce ne sera donc pas du greenwashing !



Avez-vous une surprise ou une fierté à partager ?


Notre belle surprise, qui a aussi été notre fierté, ça a été de voir autant d’abeilles s’installer dans les abris la 1ère année. Normalement, ces abeilles ont tendance à revenir dans les abris dans lesquelles elles ont éclos car elles y laissent des phéromones. Or la 1ère année, il n’y avait pas ces phéromones puisqu’il n’y avait pas de cocons.


On avait aussi une petite incertitude quant au fait que les Dorloteurs se limitent à installer l’abri chez eux et ne jouent pas le jeu de renvoyer les cocons.


On ne se contente pas de vendre des abris pour abeilles, on propose une vraie démarche avec un abonnement mensuel qui comprend le service de nettoyage des cocons en hiver et un accompagnement via une gazette mensuelle.


Le fait que les abeilles se soient installées dans les abris et que les Dorloteurs aient joué le jeu a permis de valider à la fois l’abri et le concept !



Quel message souhaitez-vous faire passer avec ce projet ?

 

Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui disent qu’il faut des actions gouvernementales et des actions à grande échelle pour faire évoluer les choses.


Nous sommes quant à nous convaincus que c’est également la somme des petits gestes qui font les vrais changements. Si chacun installe un petit dorlotoir chez soi, lequel va offrir une multitude d’abris pour les abeilles sauvages, ça peut avoir un vrai impact.


Pour consulter leur campagne de crowdfunding, c'est par ici !

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